BIT Stories 2025 ‒ les projets recourant à l’IA dans l’administration : de l’idée à la pratique
Le 21 mai 2025 s’est tenue la troisième édition de l’événement « BIT Stories ». Le thème abordé cette année ne pouvait guère être plus actuel : l’intelligence artificielle (IA) au sein de l’administration. Les participants (environ 380 personnes sur place et en ligne) ont eu un aperçu de l’importance de l’IA pour notre travail, nos processus et pour la population grâce à la présentation de projets en cours s’appuyant sur l’IA ainsi que de résultats de recherches et de discussions menées dans le domaine.
Pour de nombreuses personnes, l’IA est devenue tangible pour la première fois avec la mise en service de ChatGPT, en novembre 2022. Le buzz créé à cette occasion subsiste aujourd’hui. Depuis, le développement technologique de l’IA n’est plus seul au centre de l’attention. En effet, l’accent est mis désormais également sur la question de l’utilisation judicieuse et responsable de l’IA, notamment au sein des administrations publiques. Rarement linéaire, le chemin qui mène une innovation à la pratique est souvent jonché d’occasions d’apprentissage et de possibilités d’expérimentation ; et c’est là que réside son potentiel. Dans son discours d’ouverture, Dirk Lindemann, le directeur de l’Office fédéral de l’informatique et de la télécommunication (OFIT), a dit que c’était le moment idéal pour se poser des questions, avoir du courage et réfléchir ensemble.
En guise d’introduction dans le sujet, l’événement a débuté avec une vidéo produite par l’OFIT mettant en scène le robot virtuel KAI, qui explique de manière parlante les bases théoriques de l’IA. KAI fournit notamment une réponse aux questions suivantes : qu’est-ce qui se cache réellement derrière des notions comme « apprentissage autonome » ou « IA générative » ? Ou pourquoi est-il nécessaire d’avoir des systèmes basés sur des règles ? Il présente les concepts les plus importants et met en évidence les conditions indispensables au succès d’un projet recourant à l’IA, à savoir disposer de données de qualité, s’appuyer sur des règles claires et promouvoir une gestion responsable. Au sein de l’administration, la protection des données et la sécurité de l’information figurent en tête des priorités.
Dans la vidéo, KAI fait une visite virtuelle de l’OFIT et présente plusieurs cas d’utilisation de l’IA, dont RoBIT, un agent conversationnel qui soutient l’équipe chargée de l’assistance au sein de l’OFIT. Cet exemple permet de montrer que le bon fonctionnement de l’IA dans la pratique repose sur la combinaison de quatre aspects essentiels : les données, la conformité, la technologie ainsi qu’une adéquation entre les coûts et l’utilité. Une solution offrant une plus-value concrète est un facteur déterminant.
Projet Alva Basel ou comment l’IA simplifie l’accès aux informations publiques
La première story présentée lors de l’événement illustre cette plus-value : il s’agit du projet Alva du canton de Bâle-Ville. Micha Jäggi et Thomas Nagy, des représentants de ce canton, ont raconté comment une idée a donné naissance à un agent conversationnel intelligent qui permet d’accéder à des informations publiées sur le site Internet du canton de Bâle-Ville. Développé dans le cadre d’un renouvellement du site Internet, Alva poursuivait principalement deux objectifs : améliorer la convivialité et acquérir une expérience pratique de l’IA dans le contexte administratif. Le fait qu’Alva se base exclusivement sur des contenus accessibles au public était déterminant pour le projet.
Thomas Nagy a rappelé que la confiance est une valeur centrale pour l’administration. C’est pourquoi Alva a dû passer par un processus d’assurance qualité en plusieurs étapes avant de pouvoir être mis en service. La conception visuelle a aussi été choisie à dessein, afin qu’il soit clair pour tous qu’il s’agissait d’un projet pilote. Sur le plan technique, Alva est basé sur la génération augmentée par récupération* : les réponses sont générées à partir d’une base de données vectorielle, c’est-à-dire une collection abstraite de contenus pertinents. Grâce à cette technologie, non seulement les résultats sont plus précis qu’avec les fonctions de recherche classiques, mais les recherches fonctionnent aussi étonnamment bien dans d’autres langues. Toutefois, le projet a montré dans le même temps que de nombreuses personnes préfèrent saisir des mots-clés qu’entretenir une conversation avec un agent conversationnel. La prochaine étape du développement d’Alva doit viser une amélioration des compétences conversationnelles.
Le projet Alva illustre de manière exemplaire ce qui est important, à savoir des limites claires, des données de qualités et le courage de tester de nouvelles choses. Il met aussi en évidence le fait que les systèmes d’IA changent, tout comme notre manière de les utiliser. L’interaction entre l’homme et la machine progresse très rapidement et cette évolution influence nos attentes envers les solutions numériques offertes par l’administration.
Cliquez sur ce lien pour en savoir plus sur Alva : https://www.bs.ch/alva (en allemand uniquement)
Projet pilote d’assistant IA de l’OFIT : comment l’IA soutient les collaborateurs et améliore l’efficacité des processus
Dans la story suivante, Elias Medawar, le responsable de l’unité Innovation & AI de l’OFIT, a montré comment l’IA peut être utilisée de manière ciblée au sein de l’administration fédérale. À cette fin, il a présenté l’assistant IA de l’OFIT (titre provisoire), un outil interne visant à aider les collaborateurs dans l’exécution de leurs tâches quotidiennes, par exemple pour créer des présentations ou résumer des contenus. Il a expliqué que l’intelligence humaine constitue la base. En effet, celle-ci ne doit pas être remplacée mais enrichie de manière ciblée par l’IA.
L’assistant IA de l’OFIT a été développé dans le cadre d’un processus itératif auquel ont participé plusieurs spécialistes qui se sont concentrés sur des cas d’application concrets. Il se base sur des banques de données internes traitées à l’aide d’un grand modèle de langage. Cela est possible parce que l’assistant IA est exploité au sein d’un environnement spécialement sécurisé dans nos propres centres de calcul. Le traitement des informations internes permet à l’assistant IA de fournir des renseignements plus précis sur des sujets relatifs à l’OFIT. Néanmoins, la formulation de la requête ou du prompt est décisive pour obtenir une réponse fondée. La combinaison d’un prompt précis et d’informations contextuelles de qualité livre les meilleurs résultats. Elias Medawar a en outre souligné que le sens des responsabilités des utilisateurs reste un élément central en cas de recours à l’IA. Les résultats doivent faire l’objet d’un examen critique. Les avantages émergent surtout dans les cas où l’IA permet d’éviter des recherches d’information répétitives qui prennent du temps. En parallèle, l’intégration dans les processus existants reste centrale, car l’objectif de l’assistant IA de l’OFIT est de soutenir les collaborateurs, pas de les remplacer.
Il a été mis à disposition des collaborateurs de l’OFIT cette année. Le déploiement des prestations de l’OFIT en matière d’IA au profit de ses clients est prévu pour 2026. À ce moment, il recevra son nom final.
Éléments faisant le succès des projets utilisant l’IA
La dernière story de l’événement avait trait à la recherche. Amin Kaboli de l’École polytechnique fédérale de Lausanne a présenté les domaines des administrations publiques dans lesquels il est judicieux de recourir à l’IA et la manière dont elle doit être utilisée. Il a également souligné les éléments importants à cet égard. « L’IA est comme une boîte à outils », a-t-il lancé pour commencer sa présentation. Néanmoins, de nombreux projets échouent malgré une volonté croissante d’utiliser l’IA. Selon lui, les raisons de ces échecs résident dans les facteurs suivants : manque de concentration sur les avantages réels, manque de clarté des objectifs ou obstacles techniques.
À l’aide d’une matrice des avantages et des risques, Amin Kaboli a montré comment les cas d’application peuvent être évalués de manière systématique, l’objectif étant d’orienter les projets vers les domaines présentant d’importants avantages et des risques raisonnables. Il a en outre souligné qu’il est important de ne pas placer la technologie au centre, mais l’être humain : celui qui développe les systèmes d’IA, mais aussi celui qui les utilise au quotidien. Pour lui, une stratégie viable en matière d’IA commence par la compréhension des besoins, des hypothèses réalistes et des critères de réussite clairs, et elle a avant tout besoin de leadership et d’un espace dédié à l’expérimentation.
Après la présentation des stories, les animateurs ont invité les participants sur place et en ligne à prendre part à la discussion. Les questions ont notamment porté sur les présentations, sur des projets concrets recourant à l’IA ou sur des considérations générales en lien avec l’utilisation de la technologie. Il ressort de cette discussion animée que l’intérêt pour le sujet est grand, tout comme le besoin d’information et d’échange. Lors de l’apéritif dédié au réseautage qui a clos l’événement, les participants ont eu la possibilité d’approfondir les discussions, d’échanger leurs points de vue et de nouer de nouveaux contacts.
* La génération augmentée par récupération (ou retrieval augmented generation) est une technologie de l’IA dans laquelle un modèle linguistique ou un grand modèle de langage (ou large language model) est complété par des données contextuelles. Ainsi, le système est en mesure de fournir des réponses plus précises sans qu’il soit nécessaire de réentraîner le modèle lui-même.
Contact à l’OFIT:
Suela Amin
Responsable Content & Event Services
Tél.: +41 58 484 95 36
Texte: Jill Eberhard

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